Recentrage à droite?

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J’ai trouvé le Congrès Général de l’ADQ un peu surréel ce weekend dernier. Je ne pouvais pas y être (je ne suis pas membre de toute façon), mais je l’ai suivi avec intérêt, autant par le biais (à double-sens) des médias que par mes nombreux contacts sur Twitter et Facebook. Ce qui était étonnant, c’était la divergence entre la couverture médiatique et mes contacts sur le terrain. Dans les médias, on parle d’un « recentrage » du parti. Par rapport à quoi, je vous prie?

D’après mes constatations, la commission politique a présenté 22 propositions dont seize ont été adoptées, une rejetée et cinq renvoyées à la commission. Chacune des propositions étaient indéniablement à droite. Dans mon livre à moi, seize sur vingt-deux, c’est une bonne moyenne qui démontre que la grande majorité des militants présents soutiennent fermement le virage à droite préconisé par le camp réformateur du parti. Ma foi, j’ai de la difficulté à voir où est le recentrage. M. Deltell semble bien en selle et son parti grimpe dans les sondages alors qu’il n’y a pas si longtemps, on le donnait pour mort.

Je crois que même si les militants ne l’ont pas tous compris, de même que les vieux du parti, il y a un vent de changement au Québec. On l’a constaté aux dernières élections fédérales. Les québécois en ont marre de la même vieille rhétorique. Ils veulent une bouffée d’air frais, du sang neuf. Ils sont tanné de se faire servir du réchauffé. Ils sont tannés de se faire « bullshitter » par les élites politiques et médiatiques. Pour capter ce vent de changement, il faut se démarquer fermement des vieux partis. Ce n’est qu’en adoptant des politiques un peu radicales, qu’on se démarque. Si on reste dans le flou, le fade, le sans-saveur pour ne pas choquer, on tombe dans la même rengaine que le PQ et le PLQ. Il faut secouer les québécois de leur torpeur et de leur apathie. Je crois que les Gérard Deltell, Claude Garcia et Adrien Pouliot l’ont bien compris.

Le totalitarisme de Claudette

C’était plutôt comique de voir les réactions qui provenaient du congrès de la CSN, qui avait lieu en même temps, sur les propositions de réforme syndicales adoptées par l’ADQ. Selon Claudette Carbonneau, ces réformes nous amèneraient au « seuil du totalitarisme », rien de moins. Vraiment? Que je sache, de restreindre l’utilisation des cotisations perçue de leurs membres à la négociation des conditions de travail, plutôt qu’à l’activisme politique, n’est pas un bâillonnement comme tel. Ça voudrait simplement dire que les syndicats devraient financer leurs activités politiques par des contributions volontaires de leurs membres, qui auront ainsi le choix d’épouser ou non les causes que leur syndicat épouse. Naturellement, je peux comprendre que Mme Carbonneau craigne que la plupart de ses membres ne soutiennent pas ses causes et interprète cela comme une muselière, mais si elle est si convaincue de ses causes, elle est parfaitement libre d’y contribuer son propre argent, plutôt que celui des syndiqué qui est prélevé de force de leur chèque de paie, qu’ils le veuillent ou non.

Dans la syndicalisation au Québec, la première victime est la liberté de choix des travailleurs. L’accréditation syndicale ne requiert que 50% +1 des employés signent un carte, peu importe si ces signatures puissent avoir été obtenues par coercition et intimidation. Une fois accrédité, il est difficile de retourner ne arrière. Les travailleurs n’ont aucune liberté de se dissocier du syndicat, ou de changer de syndicat. Les centrales syndicales ne sont pas tenues de justifier leurs dépenses à leurs membres, et les votes se font typiquement à main levée, ouvrant la porte à l’intimidation. L’opacité et l’attitude anti-démocratique ont toujours été la marque de commerce des grandes centrales syndicales québécoises, mais ce sont ceux qui désireraient les démocratiser qui seraient « totalitaires ».

Quand les médias inventent la nouvelle

Il était aussi effarant comment les médias étaient insistants sur la rumeur d’une possible alliance ADQ /CAQ. Rumeur qui, bien que populaire dans les sondages, n’est ni fondée, ni naturelle. Les positions de l’ADQ étant difficilement réconciliables à bien des points de vue. On aurait crû que certains journalistes, insatisfaits de simplement rapporter la nouvelle, se sont appliqués simplement à inventer la nouvelle. Ce qui était également effarant à constater est que les représentants des médias s’indignent que M. Jarislowski ait dit que les fusions municipales forcées par le PQ il y a 15 ans , ont des relents de fascisme (ce qui, en passant, est justifiable. Ces fusions ont été accomplies de façon totalement anti-démocratique), mais que personne, semble-t-il, ne s’offusque lorsque une syndicaliste targue l’ADQ d’avoir une idéologie totalitaire. Encore une autre démonstration du biais médiatique.

Je me réjouis personnellement de certaines des propositions adoptées par l’ADQ ce week-end, même si dans mon opinion elles ne vont pas assez loin. Je crois que c’est un pas dans la bonne direction.

A propos de l'auteur

Mon nom est Philippe. J'habite sur la rive sud de Montréal. Je suis un technicien en informatique qui aime discuter de toute sorte de sujets. Bienvenue sur mon blogue!

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