C’est votre intérêt qui compte.
Tandis que le spectre de la récession plane au-dessus du monde et que nos politiciens multiplient les promesses farfelues et irréalistes, j’aimerais vous donner matière à réflexion sur les attentes que nous avons envers notre classe politique. À les entendre, nos politiciens pourraient résoudre tous nos problèmes si nous leur donnons juste un petit peu plus de pouvoirs et que nous consentions à leur léguer juste un peu plus de nos libertés personnelles. Pour une raison qui m’échappe, je l’avoue humblement, trop de gens les croient encore. Mais pourtant, depuis tant d’années que nos politiciens nous promettent mer et monde, ont-ils réellement réussi à livrer la marchandise, ou ont-ils au contraire, créé de nouveaux problèmes au passage? Autrement dit, avez-vous plus de foi en la capacité de nos politicien de résoudre ces problèmes qu’ils ne le méritent? Plus particulièrement sur le plan économique où le plus souvent les politiciens s’accaparent le mérite des réussites et blâment le marché pour les échecs.
Imaginez, si vous le voulez bien, que vous n’êtes jamais allé à une patinoire pendant une session de patinage libre. Peineriez-vous à croire que même avec très peu de règlements et de surveillance, ces sessions se passent généralement avec très peu d’accidents et ne sombrent pas dans le chaos? Pourquoi? Ne faut-il pas diriger les patineurs? Limiter leur vitesse? Les confiner à des corridors concentriques tracés sur la glace pour éviter les collisions? Certes, la circulation sur la glace pourrait être plus ordonnée, mais l’expérience serait-elle vraiment plaisante si nous avions quelqu’un avec un micro au millieu de la glace qui tente de coordonner les patineurs? Serait-ce faisable? Serait-ce même souhaitable?
Chaque patineur sur la glace a ses propres conditions particulières. Jeune ou vieux, différents niveaux d’expertise dans le patinage, etc. Essayer de « diriger » une centaine de patineurs individuels en temps réel pour éviter les collisions serait une tâche problématique, voire impossible, n’est-ce pas? Pourtant, ces mêmes patineurs, laissés à eux-mêmes arrivent seuls à éviter des collisions. Comment y arrivent-ils? La solution est en réalité très simple. Chaque patineur a un intérêt personnel à éviter les collisions et prendra les décisions appropriées pour les éviter, indépendamment de ce que les autres patineurs font et sans tenter de résoudre le problème de diriger tous les autres patineurs. En revanche, les autres patineurs, poursuivant leur propre intérêt, vont également manoeuvrer d’eux-même pour éviter les collisions.
Une des qualités principales d’une collision est le mutualisme. Si j’entre en collision avec vous, vous entrez en collision avec moi et vice-versa. Donc en évitant les collision, je suscite également l’intérêt des autres à faire de même. L’ordre social sur la patinoire résulte donc d’un coïncidence d’intérêt. Je ne cherche pas à susciter l’intérêt des autre et j’en suis peut-être même complètement inconscient, mais en poursuivant mon propre intérêt, je protège aussi l’intérêt d’autrui pour notre bénéfice mutuel. Il en résulte ce que l’économiste Friedrich Hayek appelait l’ordre spontané. C’est un processus ordonné et bénéfique à tous, mais qui est également spontané. Personne ne dirige l’ordre général des choses. Chacun prend ses propres décisions. C’est décentralisé.
Ce principe trouve une application directe en économie. Tout comme nous cherchions à éviter les collisions, nous cherchons à promouvoir des échanges. Ici encore, c’est le mutualisme qui est la clef, c’est-à-dire un gain mutuel obtenu par l’échange. En poursuivant mon propre intérêt dans un échange volontaire avec vous, je soutiens votre intérêt avec les gains que vous y faites. Vous ne feriez pas d’échange si vous n’aviez rien à gagner, n’est-ce pas? En ayant pleine connaissance de ce qui est bénéfique à notre propre intérêt, nous sommes plus à même de planifier notre propre bien-être qu’un fonctionnaire à Québec ou à Ottawa. Les marchands gagnent à bien servir leurs clients, et les clients récompensent les fournisseurs des meilleurs produits et services, et par la même occasion, punissent aussi ceux qui sont médiocres en les poussant vers la faillite. On peut imposer certaines balises pour protéger les gens de la fraude et du vol, mais le système fonctionne remarquablement bien quand on n’essaie pas de le « diriger »
Ce que Hayek tentait d’enseigner est que certaines choses fonctionnent beaucoup mieux lorsqu’elles sont planifiées de bas en haut plutôt que de haut en bas. C’est lorsque les politiciens tentent de « diriger » l’économie que les problèmes commencent. Nous n’avons qu’à regarder le sort de l’URSS pour voir où mène une économie dirigée à l’extrême. Les gens y faisaient la queue pendant des heures pour des oeufs ou du pain.
Vous croyez que ça ne se passe pas ici? Dans les années 70, nous avons opté pour la médecine socialisée, plutôt que de laisser les soins de santé au libre-marché. Et où en sommes nous? Nos politiciens se relancent la balle pendant que nous passons 12 heures à attendre aux urgences, ou que nous attendons six mois pour voir un spécialiste parce que personne au gouvernement n’arrive à résoudre le problème, peu importe les milliards qu’on y engouffre! Croyez-vous qu’on aurait pris autant de temps à se décider à construire le méga-hôpital du CHUM si ça avait été entre les mains d’intérêts privés? N’aurait-on pas pu trouver un meilleur moyen d’assurer l’accessibilité aux soins de santé pour les plus pauvres sans pour autant pénaliser le reste de la population? En vous creusant les méninges un peu, je suis convaincu que vous trouverez d’autres exemples sans difficulté.
Alors, la prochaine fois qu’un politicien viendra vous dire qu’il a la solution à vos problèmes, songez un instant combien de ces promesses il a fait auparavant… C’est dans votre intérêt…
La mémoire est une faculté qui oublie.
Dommage que l'on n'applique que trop peu la devise qui est inscrite sur nos plaques de char, surtout quand vient le temps de se présenter aux urnes.
@Daz Hoo:
Effectivement, la marotte de la province en prend pour son rhume. J'aimerais bien que les québécois commencent à reconnaitre la sagesse dans cette citation de Ronald Reagan: